Reprendre une entreprise en difficulté : est-ce une bonne idée ?

Ce sujet fait beaucoup fantasmer surtout depuis les exploits de feu Bernard Tapie, capable (à son époque) d’acheter une entreprise au même prix qu’une baguette. Précisons tout de même que ce temps est révolu.

A l’opposé, c’est aussi un sujet qui fait peur et effraie parce que racheter une entreprise qui ne marche pas ou pas bien ne va pas de soi. Il l’est aussi par méconnaissance d’un sujet très technique et réservé à des spécialistes.

C’est quoi une entreprise en difficulté ?

La reprise d’entreprise s’inscrit dans le cadre juridique des procédures collectives. On distingue les procédures de sauvegarde, de redressement judiciaire et liquidation judiciaire.

La procédure de sauvegarde 

Elle a pour but de favoriser la réorganisation de l’entreprise en difficulté afin d’assurer :

• La continuité de l’activité.
• La sauvegarde des emplois.
• L’apurement du passif.

La procédure démarre par une période d’observation de 6 mois renouvelable une seule fois. Cette procédure aboutit à l’élaboration d’un plan de sauvegarde de l’entreprise.

La procédure de redressement judiciaire

On en parle quand l’entreprise est en état de cessation de paiement. L’idée est que l’activité de l’entreprise se poursuive, avec un objectif de maintien des emplois et l’apurement du passif. Comme pour la procédure de sauvegarde, un administrateur judiciaire est nommé dans les mêmes conditions.

Tandis que la procédure repose principalement sur l’élaboration d’un plan de redressement, arrêté par jugement du tribunal à l’issue d’une période d’observation de l’entreprise. La cession de l’entreprise est prise en compte de façon subsidiaire. Pendant la période d’observation, le tribunal peut toujours ordonner la cessation partielle de l’activité ou prononcer la liquidation judiciaire.

La cession partielle ou forcée de l’entreprise n’interviendra que si le dirigeant est dans l’impossibilité d’en assurer lui-même le redressement.

La procédure de liquidation

Elle intervient lorsque l’entreprise ne peut plus payer ses dettes et le redressement est ainsi devenu impossible. L ‘objectif est de mettre un terme à l’activité de l’entreprise et de payer les dettes en procédant à la vente des actifs.

Le tribunal nomme un liquidateur. Le chef d’entreprise se trouve exclu de l’administration et de la disposition des biens de l’entreprise. Ce qui rend l’entreprise dissoute.

La cession globale ou partielle de l’entreprise peut être envisagée dans ce cadre.

La finalité de la cession est d’assurer le maintien d’activités susceptibles d’exploitation autonome, de tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d’apurer le passif (article L 642-1 du code du commerce).

La reprise de l’entreprise par un nouveau dirigeant est donc principalement envisagée lorsque l’entreprise s’oriente vers une procédure de liquidation.

Quels sont les avantages et inconvénients de reprendre une entreprise en difficulté ?

Les avantages majeurs sont :

• Un prix de cession très inférieur au prix de cession d’une entreprise du secteur.
• La création de richesse du fait que vous partez d’un point bas.
• Un potentiel de développement.                 
• Un savoir-faire, une marque et un portefeuille clients.

Les inconvénients :                                        

• Inutile de dire qu’il s’agit d’une opération risquée !
• Pas de garanties contrairement à une reprise classique.
• Ne plus avoir de personnel qui a été licencié auparavant surtout s’il s’agit d’une entreprise liée à un savoir-faire particulier.
• Des clients partis à la concurrence.
• Des contentieux en cours avec les fournisseurs et les clients.
• Payer plus cher que si vous aviez acheté in bonis la même société.

Où trouver des entreprises en difficulté ?

Quelques sites vous seront utiles pour identifier des opportunités. Vous pouvez aussi en faisant de la prospection physique, si vous souhaitez, reprendre un commerce, apercevoir des locaux fermés avec des affiches de l’administrateur judiciaire vous informant de la possibilité de rependre cette société. 

1. ASPAJ (Association syndicale professionnelle d’administrateurs judiciaires)
2. INFOGREFFE
3. Mais également sur notre site : Forum des Commerces

Comment reprendre une entreprise en difficulté ?

Pour commencer, vous ne disposerez que de peu de temps entre le moment où vous serez informé de l’entreprise à reprendre et celui où vous déposerez une offre. Cependant, le fait d’être informé en amont sur les difficultés de l’enseigne ou d’avoir un accès privilégié à l’information (ancien dirigeant, salarié, administrateur, etc.) permet de gagner en efficacité.

L’administrateur judiciaire vous adressera un dossier comprenant un certain nombre de pièces :

• Les 3 derniers bilans,
• La dernière situation comptable,
• Les contrats en cours,
• La liste du personnel avec les postes et le niveau de rémunération,
• L’état du stock.

En outre, il faudra procéder à une analyse objective de la situation de l’entreprise, en vous efforçant de bien comprendre l’origine de ses difficultés.

Les éléments primordiaux à établir :

La première chose que vous devrez faire est donc de déterminer ce que vous allez reprendre. Cette étape requiert une réelle expertise « métier » plus que financière.
Vous allez ainsi valoriser les actifs opérationnels de l’entreprise en difficulté.

La cession se fera sous forme de cession de fonds de commerce, vous procéderez à un choix des actifs ou, le cas échéant, des passifs repris. 

Il faudra lister tous les éléments à reprendre, que ce soient les contrats clients ou fournisseurs, ou bien les actifs. Cela permet ainsi de redimensionner l’entreprise au chiffre d’affaires qu’il en attend raisonnablement. Les contrats non poursuivis seront arrêtés par l’administrateur. Et la cession des éléments d’actifs non repris permettra de régler une partie du passif de la structure qui fait l’objet de la procédure. 

Le stock est souvent repris pour un prix symbolique, ce qui permet d’assurer en partie la trésorerie des premiers mois d’activité.

Par exception aux dispositions de l’article L1224-1 du Code du travail, qui impose de reprendre la totalité des salariés attachés à un fonds, le repreneur pourra identifier les postes (et non les personnes) qu’il juge nécessaires à la poursuite de l’activité, les autres salariés n’étant alors pas repris. Le choix des personnes effectivement reprises est fait avec l’administrateur et les représentants du personnel, sur la base des définitions de postes.

C’est sur la base des différents dossiers présentés que le Tribunal statuera sur la cession des actifs de l’entreprise, selon les critères imposés par la loi. En outre, son but est d’assurer dans les meilleures conditions et avec les meilleures garanties d’exécution le maintien durable de l’emploi attaché à l’activité et l’apurement du passif.

Un financement rendu difficile

En reprenant ce type de société, vous ne trouverez plus de trésorerie, et aurez donc l’obligation de financer l’intégralité du besoin en fonds de roulement.

Il est très difficile d’obtenir un financement par les banques dans ce type d’opération et ce d’autant plus que les délais de la procédure sont très courts. Vous devrez intégrer dans votre financement le prix de cession mais également les charges de l’exploitation de l’entreprise.

En conclusion, la reprise d’entreprise en difficulté peut être une belle opportunité de développement pour une entreprise qui cherche de la croissance. À condition de maîtriser parfaitement son marché, son métier et de s’entourer d’une équipe de spécialistes de l’entreprise en difficulté.

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